Drame, Fantastique - VOSTF
De David Lowery Avec Casey Affleck, Rooney Mara États-Unis. 2017. 92 min. (G)

Un homme mort dans un accident se réveille à la morgue. Recouvert d'un drap blanc, il retourne dans la maison où il a vécu avec sa conjointe. En deuil, cette dernière ignore tout de la présence de ce spectre qui l'épie quand elle est là et l'attend quand elle s'absente.

« Émouvante réflexion sur l’amour, le deuil et la postérité, Une histoire de fantôme s’avère une tendre épopée poétique à travers le temps. » (Le Devoir)


À propos du film par Julien Bouchard-Classens, étudiant en cinéma au Collège Montmorency

Ce film, entre le rêve et le cauchemar des angoisses existentielles, aborde « l’immuabilité de sa propre disparition et l’impermanence de toutes choses » (Gobert, 1 : 2017), des concepts qui nous font peur et sur lesquels on choisit souvent de fermer les yeux plutôt que de les accepter. Dans un sens, A Ghost Story nous ramène à notre rapport difficile à la résilience, à notre désir de contrôler l’univers qui nous entoure et ses lois les plus fondamentales.

A Ghost Story mise principalement sur l’ambiance à la fois feutrée et angoissante dans laquelle le spectateur peut à la fois se laisser porter par la poésie de l’œuvre et accueillir les questionnements que le film peut amener sur des thèmes tel l’amour, le deuil, le temps et la postérité.

Par son exploitation des longs plans fixes minimalistes et des silences, David Lowery ramène le spectateur à un état inconfortable de vide favorisant le questionnement et une plongée dans une esthétique particulière.

Le cinéaste a également expliqué qu’il voulait faire ressentir au spectateur l’expérimentation du temps qui passe à travers ses différentes formes. C’est pourquoi le film commence de façon fragmentée pour adopter ensuite un rythme d’une grande lenteur puis poursuivre de manière accélérée.

Lowery réussit également par un ingénieux travail de montage à effectuer de brillantes ellipses qui apporte de la fluidité le tout en cohérence avec le parcours du protagoniste à travers son passage nostalgique à travers le temps.

Casey Affleck pique la curiosité du spectateur en adoptant comme costume un simple drap blanc avec des trous pour les yeux. Le réalisateur qui tenait à une certaine simplicité et à une ambiance feutrée a fait ce choix pour l’aspect candide et naïf que dégageait ce type de costume. Cependant, étant donné que le visage du protagoniste est caché pendant la majorité du film le réalisateur a dû faire preuve d’ingéniosité pour réussir à véhiculer l’émotion du personnage malgré tout. Il a donc misé la conception sonore, la mise en scène et la musique composée par Daniel Hart pour communiquer toute l’émotion que le film veut dégager. Le fantôme, observateur, n’est en quelque sorte que le reflet du spectateur qui s’identifie en lui malgré le voile qui l’en sépare.

Le format du film est en 4 :3, autrement dit un format plus condensé et près du carré pour être en cohérence avec l’idée que le fantôme est prisonnier de sa condition. À ce format, le cinéaste a également ajouté des coins arrondis pour donner un aspect vintage accentuant la nostalgie produite par le film.

Bref, le film A Ghost Story est une belle réflexion poétique sur le temps, l’amour, le deuil, la postérité et le lâcher-prise. C’est d’ailleurs avec cette attitude de lâcher-prise que le spectateur doit aborder le film s’il veut en profiter au maximum en se laissant porter par l’ambiance et les grandes questions de l’univers. C’est un film qui s’adresse aux cinéphiles, aux philosophes et à ceux qui savent apprécier un cinéma hors des normes. Le spectateur à l’esprit ouvert à la fois à la contemplation et aux questionnements saura se faire toucher par le dernier film de David Lowery et sortira de la salle avec une forte impression qui le suivra jusque chez lui.