Après une décennie de succès mis en lumière par deux nominations aux prix JUNO®, des disques platine, des dizaines de millions d’écoutes en ligne et des concerts en salles combles, Bobby Bazini s’est accordé en 2020 une période de réflexion donnant lieu à son quatrième album, Move Away [Universal Music Canada]. En cette période où nous sommes nombreux à faire un retour sur le chemin parcouru, l’auteur-compositeur-interprète québécois en a profité pour faire le point sur son parcours jusqu’à maintenant, et son évolution tant personnelle qu’artistique, sans perdre de vue ce qui se profile à l’horizon. Ce processus l’a amené à se dépasser et à livrer des œuvres engageantes et chargées d’émotions qui, en plus de parler d’où il vient, présagent un avenir radieux.

« Je repensais à ces dix dernières années, confie-t-il. Tellement de choses se sont passées. Quand j’ai commencé, à 19 ans, je n’avais pas de carrière, je n’étais pas encore dans une relation stable. Ça fait maintenant 10 ans que je suis un artiste et en couple avec ma copine. Les deux ont presque commencé simultanément. Ce fut une décennie occupée. Je me souviens à quel point j’étais ambitieux à l’époque à l’idée de faire carrière à l’extérieur de ma province natale, au lieu de simplement profiter de tout ce qui se présentait devant ma porte. Aujourd’hui, quand je repense au passé, je n’y changerais rien. Je suis ici à faire ce que j’aime, ma douce moitié à mes côtés. À la sortie de chaque album, je vais toujours un peu plus loin. Et c’est exactement ce que Move Away représente pour moi. »

En 2010, le jeune Bazini s’est fait connaître avec son premier album, Better In Time, qui en plus de se hisser au 4e rang des meilleurs albums au Canada – puis certifié platine –, s’est mérité deux nominations pour les prix JUNO® dans les catégories « Album pop de l’année » et « Nouvel artiste de l’année ». Son deuxième album, Where I Belong, qui a démarré en première position du palmarès, a également été certifié platine, pour devenir « l’album canadien le plus vendu en 2014 ». Sans oublier une prestation inoubliable dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal. Plus récemment, Bobby a atteint un nouveau plateau de créativité avec son album Summer Is Gone, sorti en 2016, ayant occupé le 2e rang des meilleurs albums, et la chanson « C’est La Vie » qui a obtenu plus de 10 millions d’écoutes, un chiffre qui ne cesse de croître. Une fois la tournée pour cet album terminée, il s’est offert un séjour d’écriture à Londres.

Avant de se replonger dans la musique, il s’est également accordé une pause bien méritée en Italie…

« C’était la fin de ma tournée. J’avais quelques mois de congé devant moi, pour la première fois depuis très longtemps, se souvient-il. Je célébrais avec ma copine nos dix années de relation et nous avions toujours rêvé d’aller en Italie. C’est donc ce que nous avons fait le temps de quelques semaines. C’est La Vie m’a ouvert des portes et donné accès à de nouvelles possibilités. Je sentais maintenant que j’avais quelque chose à dire. En revenant de ce voyage, j’ai écrit 15 chansons, dont cinq se sont retrouvées parmi les pistes finales de l’album. Ce sont des chansons qui parlent réellement de moi. Move Away aborde sans contredit des thèmes plus personnels que mes albums précédents. »

Bobby a entamé la création de cet album à Londres, à Berlin et à Montréal, avec le producteur et coauteur Pedro Vito. Débordant d’énergie, Bazini a su créer un « son plus brut et moderne » l’amenant à rédiger 60 idées initiales (le double de ce qu’il avait écrit pour Summer Is Gone). Il a pris l’habitude d’enregistrer la base de chaque chanson immédiatement, puis de créer à partir des démos de façon à en préserver l’esprit. Parallèlement à cela, il s’est poussé sur le plan vocal en chantant sur un registre plus grave qu’il le fait en temps normal.

« J’ai toujours chanté sur un registre plus haut, dit-il. Chanter et monter la voix, c’est ma zone de confort. Avec Pedro, nous avons choisi d’écrire des chansons un peu plus graves. Elles mettent davantage l’accent sur les paroles, et pour ce faire, c’était important d’adopter une approche vocale différente. Je me suis beaucoup inspiré de Leonard Cohen et de sa façon de livrer ses paroles et ses histoires. »

La piste titre « Move Away » met en lumière son évolution. Le rythme statique et la guitare vibrante ouvrent la voie à un refrain entraînant ponctué d’une touche de piano et de cette voix profonde.

« Ce n’est pas seulement l’une des premières chansons que j’ai écrites, c’est aussi l’une des plus importantes pour moi, confie-t-il. Lorsque j’étais enfant, je rêvais tellement de partir, d’apprendre l’anglais, de voyager. Je viens d’une petite ville et je n’ai jamais tant voyagé… Je suis allé à Montréal pour la première fois au début de mon adolescence, et depuis, j’ai ce désir ardent de partir et de voir le monde. Cette chanson prend la forme d’une conversation portant sur le fait de partir. Ça me ramène à l’endroit où j’en étais quand je cherchais un nouveau son et une nouvelle direction. « Move Away » était la première étape sur cette voie. »

Pour sa part, la piste soul « Choose You » passe d’un riff blues à des sons hypnotiques, « I will always choose you ». Écrite à Los Angeles, elle traite d’un thème plus général. « Je parle de notre amour de ces dix dernières années, ajoute-t-il. De cette décennie si spéciale à laquelle je ne changerais absolument rien. »

Pour ce qui est des autres pistes sur l’album, Bobby collabore avec l’artiste irlandaise Imelda May sur la piste « Mercy », inspirée d’un «  rythme créé avec son pinceau à maquillage », et le violoniste Davide Rossi (ayant collaboré avec Coldplay, Alicia Keys, etc.) qui apporte encore plus de grandeur à l’album.

Avec cet album, Bobby fait un grand pas vers l’avant.

« J’espère que les gens se laisseront inspirer et toucher par ces histoires, termine-t-il. Pour attirer l’attention d’une personne, il faut lui faire ressentir quelque chose – que ce soit de la tristesse ou de la joie. Et cet album en déborde. Pour moi, c’est plus important que jamais qu’on se laisse ressentir les choses, surtout dans le contexte actuel.