INVITÉS pour la discussion post-projection: le réalisateur Alexis-Durand et l'actrice Sophie Lorain seront des nôtres.

Drame - VO
De Alexis Durand-Brault Avec Gabriel Sabourin, Denise Filiatrault, Sophie Lorain Canada (Québec). 2017. 103 min. (G)

Cinq ans après avoir coupé les ponts, un romancier se rend au chevet de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer. Au gré de ses visites, il renoue avec cette femme de caractère, flamboyante et lâche, qui maintenant attend de lui un ultime geste de compassion.

« Porté par l’interprétation de Denise Filiatrault et de Gabriel Sabourin, C’est le cœur qui meurt en dernier est un émouvant regard sur des rapports complexes qui unissent une mère et son fils. C’est à ce jour ce qu’Alexis Durand-Brault nous a donné de plus abouti. » (Films du Québec)

À PROPOS du film, par Véronique Laplante

Cette adaptation du roman de Robert Lalonde, au titre éponyme, est réalisée par Alexis Durand-Brault (La petite reine). Ce long métrage nous présente Julien (Gabriel Sabourin) un écrivain qui, pour gagner sa vie, est aussi ébéniste. Ce dernier retourne rendre visite à sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer (Denise Filiatrault) plusieurs années après avoir coupé les ponts. Il n’est guère capable de lui avouer qu’il a écrit une autobiographie ayant comme sujet leur relation mère – fils quelque peu tourmentée et dans laquelle il avouera certains secrets.

Un des intérêts de ce film se trouve dans le montage à la construction non- linéaire. Des situations nébuleuses sont éclaircies par une structure de récit habile. Cela crée un certain suspense comme, par exemple, au début du film nous voyons le protagoniste déposer un pot de pilules qui deviendra un élément dramatique important et sera un motif pour lier les différents temps de récit. Il y a fréquemment des analepses (flashback) ce qui aide à la compréhension du spectateur dans la progression de l’action. Dans ces retours en arrière il ne faut pas oublier de porter attention à la direction artistique puisque lesdits flashback se font dans les années 70, qui sont reconstituées d’une belle manière. Il y a aussi plusieurs liens à faire entre les plans, c’est-à-dire qu’il y a toujours une certaine continuité même s’ils sont issus d’époques différentes. Par exemple la chanson «Angelina» d’Harry Belafonte est mise en contraste avec la vie de jeune femme qu’avait la mère (joué par Sophie Lorain) dans les années 70. Elle passe sa vie à attendre que quelque chose la sauve de son milieu et de son appartement ennuyant, elle qui rêve de château et de chevaux et qui semble emprisonnée dans son mariage. La lumière est importante par son absence puisque le film est fait à base de lumière hivernale à la fois sombre, ce qui ajoute au ton des propos abordés. Par ailleurs, la mise en scène se fait constamment avec une caméra très mobile pour suivre le personnage projeté dans cette relation trouble avec sa mère.

Ce drame psychologique nous présente une vision intéressante de troubles comportementaux des proches qui entourent Julien, le personnage principal, et nous montre de cette manière ses propres tourments, ses conflits intérieurs. Il est livré à lui-même et doit en quelque sorte affronter sa mère qui joue le rôle de catalyseur puisqu’elle le porte à faire plusieurs réflexions et en le forçant à remonter le temps pour faire ressurgir des souvenirs difficiles. Il y a un lien étroit à faire entre la fréquentation amoureuse de Julien et sa mère puisqu’elle vit comme cette dernière l’aurait souhaité. La construction des personnages et la performance des acteurs sont d’ailleurs parmi les grandes réussites de ce film.

Voici donc un film fort pertinent pour lancer notre saison au ciné-club. Une œuvre qui plaira à tous les publics, qu’ils soient cinéphiles ou non. Ce film a été bien reçu par la critique. Il a été présenté au festival d’Angoulême en France où il a reçu un très bel accueil.