Film biographique - VO
De Étienne Comar Avec Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya France. 2017. 115 min. (G)

À Paris en 1943 sous l’Occupation, le musicien Django Reinhardt est au sommet de son art. Guitariste génial et insouciant, au swing aérien, il triomphe dans les grandes salles de spectacle alors qu’en Europe ses frères tsiganes sont persécutés. Ses affaires se gâtent lorsque la propagande nazie veut l’envoyer jouer en Allemagne pour une série de concerts.

« Reda Kateb, présent dans presque tous les plans, livre une prestation magistrale. Son visage mobile et extrêmement expressif est capable de livrer les états d'âme de son personnage sans un seul mot. » (Le Soleil)


À propos du film par Ariane Lavoie-Lamarche, étudiante en cinéma au Collège Montmorency

Django Reinhardt, violoncelliste, pianiste, banjoïste et guitariste, grand nom du jazz a inspiré le réalisateur Étienne Comar à faire un film sur une partie de sa vie. Le film se passe dans les années de la Seconde Guerre mondiale alors que Django se fait dire comment jouer sa musique, car le jazz est perçu comme une musique qui mène à la débauche et l’idéologie nazi ne le permet pas. Django est le premier long-métrage du réalisateur. Reda Kateb incarne le musicien avec une ressemblance frappante et il l’incarne à merveille. Le personnage de Django sera a cette époque marié à sa deuxième épouse, Naguine jouée par Beâta Palya, et aura une aventure avec Louise incarnée par l’actrice Cécile de France.

L’un des thèmes mis en évidence est celui de la liberté. Que ce soit la liberté d’expression, la liberté de création ou bien tout simplement la liberté en musique, Django doit devoir s’exprimer. La musique est ce qu’il a de plus cher, sa passion s’étant transmis de génération en génération, on peut dire qu’il a la musique dans la peau. Que ce soit en refusant de suivre des lois ou en risquant sa vie, Django doit jouer à sa manière. Un autre thème présent dans le film est la guerre, que ce soit sous le nazisme ou le harcèlement que vivent les Tziganes à cette époque. Les Tziganes étant des nomades connus pour se déplacer en roulottes dont l’origine reconnue est l’Inde. Django était lui-même un Tzigane qui a vécu depuis toujours en nomade, de la France, en Italie, en Algérie pour finir par s’installer à Paris, tout ça pour fuir la Première Guerre mondiale. Le film montre à quel point il a un bagage et qu’il n’en peut plus de toute ces guerres qui jusqu’à présent ont contrôlé sa vie. Un troisième thème assez important et assez récurent est celle de la misère. On pourrait croire qu’un artiste de jazz aussi populaire ne saurait ce qu’est la misère, mais pour Django c’est une réalité qui lui est très familière. Il a habité dans une simple roulotte pendant plusieurs années et celle-ci a été mise en cendres par l’armée, ce qui l’a laissé, lui, sa femme et sa mère, sans toit.

L’histoire se passe dans les années 40 à 45 et l’esthétique du film, que ce soit les costumes, les objets ou même les coupes de cheveux sont recréés avec fidélité. Le contexte de guerre est visuellement choquant, et le contrepoint de la création et de la musique jazz nous amène totalement ailleurs de ce que l’on a l’habitude de vivre avec des films de ce genre. Le directeur photo Christophe Beaucarne, nous montre des plans choquants de soldats brûlant des roulottes ou encore de Tziganes en pleurs d’avoir perdu leurs maisons et presque leur vie. Il fait souvent des plans éloignés pour avoir une vue d’ensemble des dégâts psychologiques causés par la guerre. On peut aussi remarquer les couleurs sombres et terreuses présentes tout au long du film ce qui vient appuyer l’histoire. En effet, les couleurs vives sont très peu présentes pour ne pas dire absentes. Pour ce qui est de la musique, elle répond aux attentes en étant endiablée ce qui vient dynamiser les propos et ce qui montre la rage qui se cache à l’intérieur de Django. De la musique jazz à volonté!

Pour terminer, l’œuvre est étonnante. En visualisant la bande-annonce, on pourrait ne pas trop prêter attention au contexte historique et on pourrait se dire que ce n’est qu’un autre film sur la vie d’un musicien dans un contexte particulier. Bien plus que ça, le film transcende son sujet pour offrir une histoire pertinente et enrichissante. Il y a très peu de films sur la vie d’une personnalité artistique connue qui réussissent à mettre le contexte historique autant de l’avant et c’est très réussi. C’est un film touchant qui va plaire à plusieurs cinéphiles.