Drame - VOSTF
De Ruben Östlund Avec Claes Band, Elisabeth Moss, Dominic West. Suède-Allemagne-France-Danemark. 2017. 142 min. (13+)
Christian est un conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Palme d’or au Festival de Cannes 2017
À propos du film The Square par Julien Bouchard Classens (étudiant en cinéma au Collège Montmorency)
The Square est une comédie satirique écrite et réalisée par Ruben Östlund (Happy Sweden, Snow Therapy). Récipiendaire de la Palme d’or au dernier festival de Cannes, le film suédois met en vedette Claes Bang (danois), Elisabeth Moss (américaine) et Dominic West (britannique).
Christian (Claes Bang), conservateur de musée à Stockholm embourgeoisé, en tentant de venir en aide à une passante, se voit victime d’une petite arnaque qui lui coûtera son portefeuille et son cellulaire. Déterminé à récupérer ses biens, il tentera d’y arriver par des méthodes douteuses et égocentriques qui révéleront à lui-même ses contradictions et ses préjugés. Parallèlement, le musée d’art moderne dans lequel il travail lance une nouvelle exposition intitulée « The Square », une œuvre d’art contemporain en forme de carré sensée inspirer l’altruisme chez les spectateurs se tenant au centre de l’œuvre et qui sera mêlée à une choquante campagne publicitaire.
The Square est une comédie satirique très critique envers la société moderne dont elle se moque avec un humour parfois grinçant, amenant le spectateur à porter un regard tout en réflexion et en introspection sur certaines thématiques comme l’art, la nature humaine, le sensationnalisme, l’individualisme, les inégalités, le jugement de l’autre, les rapports hommes-femmes et bien d’autres. Le film s’attaque également à ceux de qui on pourrait dire qu’il font partie de « la gauche caviar » qui, parfois, malgré leurs idéaux d’altruisme, de justice sociale et leurs bonnes intentions, en oublie les incohérences que soulèvent leurs propres conditions de privilégiés et les contradictions que soulèvent leur mode de vie bourgeois. Le film s’attaque à la problématique avec ironie et un humour qui ne fera peut-être pas l’unanimité par son caractère corrosif et la manière dont il traite de son sujet. De la même manière, le film aborde la thématique de l’art en cherchant à remettre en perspective sa nature, les limites de sa portée, de son acceptabilité et le rapport que nous entretenons avec lui. Bref, un film offrant plusieurs thématiques intéressantes propices à la réflexion.
On retiendra la brillante mise en scène du film de Östlund qui, à la manière de l’art contemporain, nous transporte d’un état à un autre, nous fait réfléchir et le fait avec beaucoup d’humour. Claes Bang, sobre, juste et très drôle, nous sert le rire à tout coup sans le forcer. La direction photo nous présente des plans très esthétiques, stable et épurés traduisant ainsi l’image du protagoniste et du milieu artistique bourgeois dans lequel il évolue, le tout, accompagné d’une excellente trame sonore originale.
Pour terminer, bien que, malgré sa Palme d’or, The Square n’ait pas fait l’unanimité auprès de la critique, le film ne laisse personne indifférent. Il sait provoquer la réflexion ainsi que des discussions intéressantes sur des thématiques variées. Se démarquant aussi pour ses qualités esthétiques, ses scènes inusitées et parfois même surréalistes, il possède un humour décapant qui fait de ce film un incontournable.