Documentaire - VO

De Agnès Varda et JR. France. 2017. 89 min. (G)

Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR.


À propos du film Visages villages par David Lamontagne, professeur de cinéma au Collège Montmorency

La réalisatrice Agnès Varda, du haut de ses 88 ans, nous amène dans un road trip au travers de la France, de visages en villages, un plaidoyer sur l’importance de l’art et de sa relation essentielle avec la communauté. Avec son acolyte JR, un jeune artiste de street art original, elle fait la démonstration que l’esthétique trouve sa force dans une expérience sensible commune qui peut être le ciment de nos sociétés.

Tournée de manière débonnaire, spontanée, libre et drôle, nos deux acolytes nous livrent une histoire d’amitié inspirante qui puise son essence dans l’acte de création. Au début sans itinéraire précis, le film fini par nous embarquer dans une tournée à la rencontre de la France populaire et diversifiée. Au contact de différentes communautés et sujets, ils mettent en scène, tel un miroir, la grandeur d’individus qui pourraient sembler autrement invisibles. La séquence où ils afficheront sur sa maison le visage imprimé de Janine, une dame âgée qui ne veut pas quitter son village déserté du Nord de la France, est particulièrement touchante. Avec l’aide de leur camion photomaton, de nombreuses figures grands formats apparaitront sur une multitude de lieux inusités, au quatre coins du pays.

Agnès Varda a une longue et belle carrière. Visages villages fait écho à la vie de la cinéaste et est un brin nostalgique en allant puiser dans ses autres films. La Nouvelle vague française a d’ailleurs une certaine influence sur la forme de ce documentaire. Le parallèle fait au préalable entre l’ami JR et un certain Jean-Luc Godard nous amène vers une conclusion étonnante et touchante.

C’est une quête esthétique qui se vit ici dans ce projet fou qu’avec la rencontre des gens, des inconnus à qui on donne une voix, une image. L’expérience est ludique et hautement signifiante. Le cinéma est ce qui vient briser l’isolement des citoyens et les unis dans un projet porteur de beauté.

Il n’est pas nécessaire de connaitre les films d’Agnès Varda pour apprécier ce film ou pour comprendre comment son travail est le résultat d’un esprit vif et généreux. Ce Visages villages est de l’ordre de ce qui est convenu de nommer feel good movie avec le supplément d’âme nécessaire qui est exigé au contact des beaux films.