Par Nicolas Gendron – Comédien et metteur en scène

Naturellement, il n’est jamais inutile de cultiver son sens du leadership si l’on désire un jour toucher à la mise en scène. Mais lorsque j’ai osé m’y aventurer, en 2014, j’ai vite compris qu’il s’agissait aussi d’un exercice d’humilité de haute voltige. Parce que si le metteur en scène trône parfois en haut de l’affiche, il est important de se rappeler, d’une part, que tout succès est le résultat d’un travail collectif – il n’y a pas plus familial qu’une aventure théâtrale – et d’autre part, que c’est souvent la première personne qui sera montrée du doigt si le résultat pique du nez! Il faut donc manier l’art de bien s’entourer, mais aussi celui, plus intangible, d’assumer ses choix quoi qu’il advienne.

Pour L’Enfance de l’art – Doigts d’auteur de Marc Favreau, j’admirais tellement l’oeuvre de ce grand monologuiste québécois que mon devoir d’humilité était d’autant plus grand. À tel point en fait que j’en oubliai un temps le culot de la proposition. Était-ce possible de faire oublier le personnage de Sol? Je n’en avais nulle envie. Ouille alors, quoi faire? Rappeler à mes contemporains que derrière ce clown auguste vivait un auteur d’exception, un véritable acrobate du verbe et un philosophe en haillons. Puis convier une quinzaine de créateurs à faire briller de l’intérieur cette parole au coeur d’un grand festin de mots. Parce qu’on n’est jamais aussi humble qu’à plusieurs.

L'ENFANCE DE L'ART - DOIGTS D'AUTEUR DE MARC FAVREAU
Célébration de la parole et des textes riches de sens et de drôleries du créateur de Sol et Gobelet
Production Exlibris
Vendredi 12 octobre 2018, 19h30
Salle André-Mathieu