Alexandre Barrette roule son présent spectacle « Imparfait » aux quatre coins du Québec depuis un bon petit bout de temps maintenant, si bien qu'on se disait qu'il va bien finir par être « parfait » un jour !  Le principal intéressé nous assure qu'il y prend toujours plaisir, et c'est ce qu'on pourra constater au Théâtre Marcellin-Champagnat les 3 et 4 novembre prochains. L'humoriste nous partage ses anecdotes de tournée dans le cadre de la série « C'est la fin ».

[co]motion : Sais-tu à combien de représentations tu es rendu ?

Alexandre Barrette : On m'a dit récemment qu'il me restait environ 20 shows. Au total, j'en aurai donné tout juste en bas de 200, donc je serais rendu autour de 170 ou 180.

Il y a tout le temps des légendes urbaines, des Jean-Michel Anctil qui aurait donné 700 représentations... mais bon, dans le marché actuel, où il y a 50 shows d’humour qui tournent en même temps, c'est quand même quelque chose de le faire 200 fois !

[co]motion : Comment tu te sens par rapport à ton spectacle à ce point-ci ?
A) Pas encore totalement en maîtrise. C’est encore… « Imparfait » !
B ) En plein contrôle.
C) Un peu au-dessus de mes affaires.
D) Carrément blasé, j’ai-tu assez hâte que ça finisse !

Alexandre Barrette : (rires) Je dirais B. À ce point-ci, je peux vous assurer quelque chose : le show est au top. Pour tous les shows de stand-up, que ce soit en tant qu'humoriste ou même spectateur, j’aime mieux y retourner en fin de tournée. Un spectacle de stand-up, ça se peaufine vraiment. Je suis zéro blasé. J'ai vraiment l'impression d'avoir atteint un certain niveau.

[co]motion : Tu as coupé ça en deux en t’offrant une petite pause estivale. Est-ce que c’est nécessaire pour garder un esprit sain avec une tournée de plus de 150 shows ?

Alexandre Barrette: J’ai toujours pris des pauses estivales. Et ce n'est pas tant que j'aie besoin d’une pause. Au contraire, ça me manque par moments, l'été. Comme cet été, j'ai fini par aller souvent au Bordel [comédie club] roder du nouveau matériel.

Mais c’est drôle à dire ; c'est un contexte plate pour faire des shows, l'été. C’est tellement court l’été au Québec, c'est la même chose pour moi, j’aime faire autre chose qu'aller m'enfermer dans une salle de spectacle.

Historiquement, il y avait aussi les tournages de Taxi Payant. Mais même depuis que je sais que ce n'est pas renouvelé, je ne pense pas faire des spectacles en salle pendant la période estivale.

[co]motion : Dans quel état d'esprit reviens-tu après une pause au milieu d'une longue tournée ?

Alexandre Barrette : Je suis à la fois très nerveux et très confiant. Chaque premier show après 2-3 mois de break, je me sens comme un imposteur. Je dois aller faire des répétitions dans les salles. À Sainte-Thérèse, cet automne, après 3 mois de break, j’étais nerveux comme c'est pas possible, et ça a été un des shows les plus solides. Je redécouvrais un peu mon matériel, je retrouvais ce qui est drôle, l’excitation de le raconter, je retrouvais une certaine fraîcheur dans les blagues.

[co]motion : Au cours de la tournée « Imparfait », as-tu vécu des lapsus, dis des choses que tu ne devais pas dire ?

Alexandre Barrette : C’est arrivé souvent. Un bon exemple : je raconte souvent des situations de vie que j’ai vécues dans la ville, et que je ramène avec moi sur scène. C’était la fin de l’hiver, j'étais en tournée en Abitibi, et je roule pour aller à une entrevue radio. Il neige, il fait comme -4 degrés. Je vois un gars qui jogge dans la rue, avec des petits shorts de jogging, torse nu et des souliers de course. Je me suis dit : « C’est quoi ça ? »  Je parle de ça le soir sur scène, et c'est là que j’ai appris que c'était une légende là-bas. Il s'appelle Vianney, c'est un homme noir qui a joggé toute sa vie, 20 km par jour, à longueur d’année, torse nu.

J'aime beaucoup ces moments sur l’actualité de la ville, ou sur des références à la ville. J’essaie vraiment de m’informer. Les gens l’apprécient, ils ont l’impression que tu connais leur réalité. Ça bonifie quelques jokes.

[co]motion : As-tu retiré des jokes de ton spectacle en cours de route, et pourquoi ?

Alexandre Barrette:  J'ai retiré un petit numéro de 3-4 minutes. J’étais tanné, même s’il fonctionnait bien. Je le trouvais un peu plus cliché, conventionnel. J’étais tanné de le faire, même si les gens l'aimaient, alors je l'ai flushé.

[co]motion : Quelle ville t’as donné le plus de fil à retordre ?

Alexandre Barrette: À ma première tournée, mon show le plus tough — pas juste selon moi, mais selon mes techniciens qui ont tourné avec Rachid Badouri, Guillaume Wagner, Guy Nantel ; ils ont regard assez lucide sur mon spectacle —, c’était Dolbeau. Et de loin. Je suis donc arrivé cette tournée-ci avec un stress lié à cette expérience. Et évidemment, cette fois-ci, ça a été super bien !

Pour cette tournée, je dirais que c'était à Sainte-Marie-de-Beauce. Aucune raison, aucune idée. C'était pas la faute du public, parfois c’est le contexte.

C’est une histoire de chimie, l’humour. Parfois même si ton show est bon, ça peut se passer tout croche. Tu peux avoir des soirées survoltées parce que tu as devant toi des gens qui ont eu une bonne journée, et une autre fois, tu pognes un ensemble de 400 vibes un peu plus difficiles et ça ne donne pas le même résultat.

[co]motion : Et le public de Laval, il est comment ?

Alexandre Barrette : Ah ça, c’est pas juste moi qui le dit : le public de Laval, c'est efficace, c'est réactif. (La salle) André-Mathieu, c’est une des salles le plus fun à jouer, comme Gatineau ou la salle Albert-Rousseau.

En même temps, j'ai de la difficulté à comparer les villes. Peu importe où je vais en tournée, mon public ressemble à un certain échantillon de la population, peu importe où je joue. Il y a des grosses similarités.


Ne manquez pas le spectacle « Imparfait » d'Alexandre Barrette les 3 et 4 novembre prochains au Théâtre Marcellin-Champagnat. Détails et billets par ici.